
Suivre à la lettre le Code du bâtiment du Québec n’est pas une option, c’est la seule garantie contre des ordres de démolition et des surcoûts de plusieurs milliers de dollars.
- Les « droits acquis » pour une structure ancienne sont une exception rare qui disparaît souvent lors de rénovations majeures.
- Les normes de construction vues dans les tutoriels américains sont presque toujours illégales au Québec en raison de nos spécificités climatiques (gel, neige).
Recommandation : Documentez chaque étape de vos travaux avec des photos et conservez les fiches techniques de vos matériaux. C’est votre meilleur allié pour une inspection rapide et sans accroc.
L’excitation de l’auto-construction ou d’une rénovation majeure est palpable. Chaque planche coupée, chaque mur érigé est une source de fierté. Vous avez passé des heures sur YouTube, vous avez suivi les conseils de forums, et votre projet prend enfin forme. Puis vient le jour de l’inspection municipale. L’inspecteur, calepin en main, fronce les sourcils devant votre nouvel escalier ou la fenêtre de votre sous-sol. Le verdict tombe, sec et sans appel : « Non conforme. Vous devez corriger, voire démolir. » C’est le cauchemar de tout propriétaire rénovateur, un scénario qui transforme un rêve en un gouffre financier et émotionnel.
Beaucoup pensent qu’en étant de bonne foi et en suivant des « standards » de construction, tout ira bien. On s’imagine protégé par des « droits acquis » sur une vieille maison, ou que les dimensions vues dans une vidéo populaire sont universelles. La réalité québécoise est bien plus stricte. Le Code de construction du Québec n’est pas une simple recommandation ; c’est un ensemble de règles précises, conçues pour garantir notre sécurité dans un climat exigeant, des charges de neige importantes à une ligne de gel profonde. L’ignorer, même involontairement, c’est s’exposer à des conséquences sévères.
Mais cet article n’est pas là pour vous faire peur. Au contraire, il est conçu comme la boîte à outils d’un inspecteur pédagogue. Mon objectif est de vous armer de connaissances pour transformer cette crainte de l’inspection en une simple formalité. Nous n’allons pas seulement lister des règles, nous allons comprendre la logique derrière elles. Car lorsque vous comprenez *pourquoi* une rampe d’escalier ne doit pas avoir de barreaux horizontaux ou *pourquoi* les fondations d’un patio doivent être si profondes, vous ne subissez plus la norme, vous l’intégrez naturellement à votre projet. Vous passez d’une posture réactive à une logique préventive.
Cet article va décortiquer les angles morts réglementaires les plus courants, ces pièges dans lesquels tombent même les rénovateurs les plus avertis. Nous verrons ensemble comment naviguer les subtilités des droits acquis, quelles sont les dimensions exactes d’une fenêtre de sous-sol, pourquoi un tutoriel américain peut rendre votre patio illégal, et comment vous préparer pour que le passage de l’inspecteur soit une discussion constructive plutôt qu’un jugement.
Sommaire : Les pièges de la non-conformité en rénovation au Québec et comment les déjouer
- Rénovations majeures : quand perdez-vous vos « droits acquis » sur l’ancien code ?
- Fenêtre de chambre au sous-sol : les dimensions exactes pour ne pas être piégé
- Barreaux de rampe à l’horizontale : pourquoi sont-ils interdits pour vos enfants ?
- Pourquoi suivre un tutoriel vidéo américain peut rendre votre structure illégale au Québec ?
- Inspection municipale : les 3 documents à avoir en main pour éviter un refus
- Travaux non conformes : quand et comment porter plainte à la RBQ ?
- Architecte ou technologue : qui engager pour un agrandissement de 500 pi² ?
- Entrepreneur sans licence RBQ : quels sont vos recours en cas de travaux bâclés ?
Rénovations majeures : quand perdez-vous vos « droits acquis » sur l’ancien code ?
C’est une croyance tenace chez les propriétaires de maisons anciennes : « Ma maison a été construite comme ça, j’ai des droits acquis ». Si cette notion existe bien en urbanisme, elle est extrêmement limitée en matière de sécurité et de conformité structurelle. Les droits acquis protègent l’existant, mais s’évaporent dès que vous entreprenez des travaux d’une certaine ampleur. Le seuil critique est souvent celui des 50% de la structure concernée. Remplacer deux marches usées de votre escalier centenaire est de l’entretien ; en modifier l’angle ou changer la majorité des composantes est une rénovation majeure qui vous oblige à vous conformer intégralement au Code actuel.
Cette distinction est fondamentale. Penser conserver un droit acquis alors que vous engagez une rénovation substantielle est la voie directe vers un avis d’infraction. L’objectif du Code est de rehausser la sécurité du parc immobilier à chaque occasion. La logique est simple : si vous investissez significativement dans la rénovation d’un élément, vous devez le faire selon les meilleures pratiques actuelles, pas celles d’il y a 50 ans. Le tableau suivant illustre les seuils de bascule entre simple réparation et rénovation majeure, un point de décision crucial avant tout projet.
| Type de travaux | Ampleur | Conservation des droits acquis | Exemple concret |
|---|---|---|---|
| Réparation | Moins de 50% de la structure | OUI – Maintien selon l’ancien code | Remplacer 2-3 marches usées d’un escalier |
| Entretien | Remplacement à l’identique | OUI – Maintien selon l’ancien code | Changer la main courante pour un modèle identique |
| Rénovation majeure | Plus de 50% de la structure | NON – Application du code actuel | Modifier l’angle de l’escalier ou remplacer plus de la moitié des marches |
| Changement d’usage | Modification de la fonction | NON – Application intégrale du nouveau code | Transformer un duplex en triplex avec escalier intérieur |
Cette image met en lumière la transformation radicale entre une structure ancienne, potentiellement non conforme, et sa version modernisée respectant les normes en vigueur. C’est la visualisation même de la perte du « droit acquis » au profit de la sécurité actuelle.

Comme on peut le constater, la différence n’est pas qu’esthétique. Elle touche à la géométrie même de l’escalier, à la hauteur des gardes-corps et à l’espacement des barreaux. Il est donc impératif, avant même le premier coup de marteau, d’évaluer l’ampleur de vos travaux pour savoir si vous devez simplement réparer à l’identique ou planifier une mise aux normes complète.
Fenêtre de chambre au sous-sol : les dimensions exactes pour ne pas être piégé
L’aménagement d’une chambre au sous-sol est un projet populaire pour gagner de l’espace de vie. Cependant, c’est aussi l’un des endroits où les erreurs de conformité sont les plus fréquentes et les plus dangereuses. La norme la plus critique concerne la fenêtre d’évacuation (dite « egress »). Son rôle n’est pas seulement d’apporter de la lumière, mais de servir de sortie de secours en cas d’incendie. Une fenêtre non conforme peut non seulement entraîner un refus d’inspection, mais aussi mettre en péril la vie des occupants. Le Code de construction du Québec est très clair : la fenêtre doit offrir une ouverture nette (le trou libre une fois la fenêtre ouverte au maximum) d’au moins 0,35 m², et aucune des dimensions de cette ouverture (hauteur ou largeur) ne doit être inférieure à 380 mm (environ 15 pouces).
Étude de cas : le coût réel d’une correction post-inspection à Laval
Un propriétaire de Laval a fait installer une nouvelle fenêtre de sous-sol pour 800$. Lors de l’inspection, bien que la fenêtre elle-même semblait de bonne taille, la margelle (le puits de lumière extérieur) était trop étroite, empêchant son ouverture complète. La non-conformité a été signalée. Le coût de la correction a grimpé à 4 500$, incluant l’excavation pour agrandir la margelle, la découpe du béton de fondation, l’installation d’un nouveau linteau et l’aménagement paysager. De plus, sa prime d’assurance a augmenté à cause de ce manquement initial. Ce cas démontre que l’erreur ne se situe pas toujours là où on l’attend, et que le coût de l’ignorance dépasse largement l’économie initiale.
L’erreur classique est de calculer la surface totale du vitrage, et non l’ouverture réelle. Pour une fenêtre coulissante, par exemple, seule la moitié de la surface est généralement ouvrable. De plus, la norme ne s’arrête pas à la fenêtre elle-même. Si une margelle est nécessaire, elle doit permettre un dégagement d’au moins 760 mm (30 pouces) devant la fenêtre pour permettre à une personne de s’y mouvoir et de sortir. Ignorer ces détails, c’est s’exposer à des sanctions et des risques importants, comme le soulignent les autorités, qui peuvent imposer des amendes, et les assureurs, qui peuvent limiter ou annuler la couverture en cas de non-conformité.
Votre feuille de route pour une fenêtre de sous-sol conforme
- Vérifier que la margelle offre un dégagement d’au moins 760 mm (30 po) à l’avant de la fenêtre.
- S’assurer que le seuil de la fenêtre n’est pas installé à plus de 1,5 m du sol intérieur.
- Confirmer que l’ouverture nette respecte le minimum de 0,35 m² avec chaque côté d’au moins 380 mm, après ouverture complète.
- Pour les fenêtres coulissantes, calculer l’ouverture réelle (généralement la moitié de la surface) et non la surface totale du vitrage.
- Planifier l’entretien hivernal : le déneigement de la margelle est obligatoire pour maintenir l’accès d’évacuation.
Barreaux de rampe à l’horizontale : pourquoi sont-ils interdits pour vos enfants ?
Les garde-corps avec des barreaux ou des câbles horizontaux sont très tendance. On les voit partout dans les magazines de design et sur les plateformes d’inspiration. Leur look épuré et moderne séduit de nombreux propriétaires. Cependant, au Québec, ce design représente un « angle mort » réglementaire majeur et une source fréquente de non-conformité, surtout pour les nouvelles constructions et les rénovations majeures. La raison est simple et relève de la pure logique de sécurité infantile : les éléments horizontaux créent un effet d’échelle, incitant les jeunes enfants à grimper, avec des risques de chute graves.
Le Code de construction est formel sur ce point. Comme le rappelle l’un de ses articles, la conception d’un garde-corps doit activement décourager l’escalade. C’est pourquoi cette disposition est si importante :
Les garde-corps doivent empêcher les enfants de grimper. Les barreaux ne devraient pas contenir trop d’éléments horizontaux.
– Code de construction du Québec, cité par Échelle Canada
Cette règle simple disqualifie la plupart des designs à câbles horizontaux pour les résidences où la présence d’enfants est possible. L’inspecteur ne se fiera pas à l’esthétique, mais bien à ce potentiel de danger. Heureusement, être conforme ne signifie pas renoncer à un design moderne. Il existe de nombreuses alternatives élégantes qui respectent la sécurité et les normes québécoises :
- Panneaux de verre trempé ou feuilleté : C’est la solution la plus populaire pour un look minimaliste. La surface est lisse, non grimpable, et préserve la transparence.
- Systèmes de câbles en acier inoxydable verticaux : Ils offrent une esthétique épurée similaire aux systèmes horizontaux, mais sans le risque d’escalade.
- Panneaux métalliques avec motifs découpés au laser : Permettent une personnalisation infinie tout en garantissant une surface pleine et non grimpable.
- Barreaux verticaux traditionnels : C’est la norme la plus sûre, à condition que l’espacement entre eux n’excède jamais 10 cm (4 pouces) pour empêcher le passage de la tête d’un enfant.
- Combinaison de matériaux : Un garde-corps avec un poteau en métal et un remplissage en verre est une option robuste qui respecte la hauteur minimale de 90 cm pour un escalier intérieur.
Pourquoi suivre un tutoriel vidéo américain peut rendre votre structure illégale au Québec ?
À l’ère de l’information instantanée, YouTube et les blogues de bricolage sont devenus les premiers conseillers de l’auto-rénovateur. On y trouve des tutoriels détaillés pour construire un patio, monter une charpente ou finir un sous-sol. Le problème ? La grande majorité de ces contenus proviennent des États-Unis et sont basés sur des codes du bâtiment adaptés à des climats beaucoup plus cléments que le nôtre. Suivre aveuglément ces conseils est l’une des erreurs les plus coûteuses qu’un propriétaire québécois puisse faire. Les différences ne sont pas des détails ; elles sont fondamentales et liées à notre réalité climatique.
Le principal « angle mort réglementaire » concerne les charges de neige et la profondeur du gel. Au Québec, les structures extérieures doivent pouvoir supporter un poids de neige bien plus important (jusqu’à 3,4 kPa dans certaines régions) et leurs fondations doivent descendre sous la ligne de gel, soit à un minimum de 48 pouces (1,2 m), pour éviter les mouvements de sol. Un tutoriel filmé en Caroline du Nord recommandera des fondations de 24 pouces et des poteaux 4×4, ce qui est totalement insuffisant et dangereux ici. L’inspecteur municipal reconnaîtra immédiatement cette sous-dimension et exigera une démolition ou un renforcement majeur.
Le tableau ci-dessous met en évidence quelques-unes des différences critiques que tout bricoleur québécois doit connaître avant de s’inspirer d’un tutoriel étranger.
| Élément de construction | Norme américaine typique | Code du Québec | Raison de la différence |
|---|---|---|---|
| Profondeur des fondations de patio | 24-36 pouces (climat tempéré) | Minimum 48 pouces | Ligne de gel plus profonde au Québec |
| Espacement des solives | 16 pouces centre à centre | 12-16 pouces selon la charge | Charges de neige supérieures (jusqu’à 3,4 kPa) |
| Dimensions réelles 2×4 | 1,5 x 3,5 pouces | 38 x 89 mm (légèrement différent) | Système métrique vs impérial |
| Vis structurales | Vis de terrasse standard | Vis certifiées CSA avec résistance spécifiée | Exigences de résistance à l’arrachement plus strictes |
L’utilisation de matériaux adéquats, comme des vis structurales certifiées, est tout aussi cruciale. Cette image illustre bien la différence entre une vis standard et une vis conçue pour nos exigences.

Cas réel : le patio refusé à Blainville
Martin, un propriétaire de Blainville, a construit un superbe patio en 2023 en suivant un tutoriel YouTube très populaire. L’inspecteur municipal a refusé la structure. La raison : les poteaux 4×4, jugés suffisants dans le tutoriel, étaient sous-dimensionnés pour supporter la charge de neige de 2,4 kPa prévue par le Code de Construction du Québec pour sa région. Le résultat, comme le rappelle la RBQ qui supervise l’application du Code, a été une non-conformité directe. Il a dû procéder à une démolition partielle pour remplacer les poteaux par des 6×6, un coût supplémentaire imprévu de 3 200$.
Inspection municipale : les 3 documents à avoir en main pour éviter un refus
Le jour de l’inspection, votre travail est déjà fait. Votre meilleure stratégie n’est pas de convaincre l’inspecteur, mais de lui prouver que tout a été fait dans les règles de l’art. Un inspecteur qui doit chercher, deviner ou démonter pour vérifier la conformité d’un élément caché est un inspecteur qui devient méfiant. Pour transformer l’inspection en une formalité, vous devez adopter une logique de « dossier de preuve » proactif. Il s’agit de documenter votre chantier au fur et à mesure, pour pouvoir présenter un dossier clair, complet et transparent.
Plutôt que d’arriver les mains vides, préparez un cartable contenant le trio gagnant de documents. Ces pièces ne sont pas juste de la paperasse ; ce sont la narration de la qualité de votre construction. Le témoignage suivant illustre parfaitement le pouvoir de cette approche proactive.
J’avais préparé un cartable complet avec photos datées de chaque étape. L’inspecteur a été impressionné par mon organisation. Au lieu de passer 2 heures à tout vérifier, l’inspection a duré 30 minutes. Il m’a même félicité et a noté dans son rapport que le chantier était exemplaire. Cela m’a évité des demandes de corrections coûteuses que mes voisins ont eues pour des travaux similaires.
– Jean-Marc, propriétaire à Longueuil
Cette préparation inspire confiance et démontre votre rigueur. Elle prouve que vous n’avez rien à cacher. Un propriétaire bien organisé est souvent un propriétaire qui a bien construit. Alors que si un escalier n’est pas conforme, la Ville peut émettre un avis d’infraction, une bonne préparation peut totalement changer la dynamique de l’inspection.
Votre plan d’action : le trio de documents pour une inspection réussie
- Plans approuvés par la ville : Ayez en main la version estampillée avec le numéro de permis bien visible. Si des modifications ont été approuvées en cours de route, surlignez-les et joignez les communications avec le service d’urbanisme.
- Fiches techniques des matériaux : C’est crucial pour les matériaux non standards. Conservez la documentation du manufacturier pour les poutres en bois d’ingénierie (LVL), les vis structurales certifiées CSA, ou les membranes d’étanchéité spécifiques. Cela prouve que vous avez utilisé les bons produits.
- Dossier de photos des étapes clés : C’est votre meilleur allié. Prenez des photos claires et datées des éléments qui seront cachés à la fin : les fondations avant le remblai (avec un ruban à mesurer dans le cadre pour montrer l’échelle), l’armature avant la coulée du béton, la structure avant la fermeture des murs, et l’installation de l’isolant et du pare-vapeur.
Travaux non conformes : quand et comment porter plainte à la RBQ ?
Malgré toutes vos précautions, il arrive que vous soyez victime d’un entrepreneur qui a mal exécuté les travaux. Si les malfaçons contreviennent au Code de construction et que l’entrepreneur refuse de coopérer, la Régie du bâtiment du Québec (RBQ) est une instance de recours. Cependant, il est crucial de comprendre son rôle et de suivre la bonne procédure pour que votre plainte soit recevable. Agir dans le désordre ne fera qu’épuiser votre énergie et vos ressources.
Le premier réflexe doit toujours être une tentative de résolution à l’amiable. La procédure formelle ne commence qu’après l’échec de cette étape. Voici le plan d’action structuré pour monter un dossier solide. Il s’agit d’une séquence logique où chaque étape construit la légitimité de la suivante.
- Étape 1 – La mise en demeure : Avant toute chose, vous devez envoyer une lettre de mise en demeure par courrier recommandé à l’entrepreneur. Ce document doit lister précisément les défauts, exiger leur correction dans un délai raisonnable (généralement 10 à 15 jours) et l’avertir qu’à défaut, des procédures seront entamées.
- Étape 2 – La documentation exhaustive : Rassemblez toutes les preuves : le contrat initial détaillé, les preuves de paiement, tous les échanges écrits (courriels, textos), et surtout, des photos et vidéos claires et datées des malfaçons.
- Étape 3 – L’expertise neutre : Pour appuyer votre plainte, faites appel à un inspecteur en bâtiment ou un technologue neutre. Son rapport d’inspection décrira les non-conformités de manière technique et chiffrera le coût des corrections. Cet investissement (souvent entre 500$ et 800$) donne un poids considérable à votre dossier.
- Étape 4 – Le dépôt de plainte : Avec tous ces documents en main, vous pouvez remplir le formulaire de plainte en ligne sur le site de la RBQ.
Il est toutefois essentiel de comprendre les limites du pouvoir de la RBQ. Comme le précise l’avocat spécialisé Me Jean Turgeon, la Régie joue un rôle disciplinaire, mais ne vous dédommagera pas directement.
La RBQ a un rôle disciplinaire – amendes et suspension de licence – mais elle ne vous dédommagera pas financièrement. Le recours pour obtenir remboursement passe par la Cour des petites créances si le litige est de 15 000 $ ou moins.
– Me Jean Turgeon, cité dans le Guide des recours en construction résidentielle 2024
Ainsi, la plainte à la RBQ vise à faire sanctionner l’entrepreneur, tandis que la démarche pour récupérer votre argent est une procédure judiciaire distincte, le plus souvent devant la Division des petites créances.
Architecte ou technologue : qui engager pour un agrandissement de 500 pi² ?
Pour un projet d’agrandissement, la question du professionnel à engager est cruciale. Faut-il un architecte ou un technologue en architecture ? L’erreur serait de choisir uniquement en fonction du prix ou de penser qu’ils sont interchangeables. Le choix dépend de la complexité, de la taille de votre projet, et des exigences légales et municipales. Pour un agrandissement de 500 pi² (environ 46 m²), vous êtes typiquement dans une zone grise où les deux options peuvent être valides, mais l’une est souvent plus pertinente que l’autre. C’est un arbitrage de compétences à faire judicieusement.
Le technologue en architecture est un spécialiste du dessin technique. Il est expert dans la production de plans de construction conformes au Code. Pour un agrandissement simple, sur un seul niveau, sans modification de la structure existante (murs porteurs) et hors d’un secteur patrimonial, le technologue est souvent le choix le plus économique et tout à fait suffisant. Il produira les plans nécessaires pour votre demande de permis.
L’architecte, quant à lui, a une formation et un champ de compétences plus larges. Il gère non seulement le design et les plans, mais aussi la coordination globale du projet, y compris l’intégration avec d’autres professionnels comme les ingénieurs en structure. Son intervention devient fortement recommandée, voire obligatoire, dès que le projet se complexifie. Par exemple, si votre agrandissement implique de retirer un mur porteur, de construire sur plusieurs étages, ou s’il est situé dans un arrondissement à caractère patrimonial (comme le Vieux-Québec ou le Plateau Mont-Royal), l’expertise de l’architecte est indispensable pour naviguer les contraintes réglementaires et assurer l’intégrité du projet. Légalement, son intervention est obligatoire pour les habitations dépassant une certaine taille, notamment 600 m² d’aire de bâtiment ou 3 étages et plus.
Le tableau suivant résume les critères de décision pour vous aider à faire le bon arbitrage pour votre projet au Québec.
| Critère | Technologue en architecture | Architecte |
|---|---|---|
| Coût moyen | 3-5% du coût des travaux | 8-12% du coût des travaux |
| Agrandissement simple sans toucher à la structure | ✓ Suffisant et économique | Optionnel |
| Modification de mur porteur | Consultation d’ingénieur requise | ✓ Recommandé (coordination incluse) |
| Quartier patrimonial (Vieux-Québec, Plateau) | Peut être insuffisant | ✓ Souvent obligatoire |
| Responsabilité professionnelle | Limitée aux dessins techniques | Complète sur l’ensemble du projet |
| Bâtiment de plus de 600m² ou 3 étages | Non autorisé | ✓ Obligatoire selon la loi |
À retenir
- Les « droits acquis » sont une exception rare qui disparaît au moindre travail majeur, vous forçant à appliquer le code actuel.
- Les normes québécoises (gel à 48″, charges de neige) rendent la plupart des tutoriels de construction américains dangereux et illégaux ici.
- Un dossier de photos datées des étapes clés et les fiches techniques des matériaux sont vos meilleurs alliés pour une inspection rapide et sans accroc.
Entrepreneur sans licence RBQ : quels sont vos recours en cas de travaux bâclés ?
Engager un entrepreneur sans licence de la RBQ pour économiser de l’argent est l’un des paris les plus risqués que vous puissiez faire. En cas de travaux bâclés, de malfaçons ou d’abandon de chantier, vous vous retrouvez dans une position de vulnérabilité extrême. Les mécanismes de protection standards offerts aux consommateurs n’existent tout simplement pas. Comme le souligne durement l’Office de la protection du consommateur, lorsque vous sortez du cadre légal, vous perdez les filets de sécurité.
Le premier recours, le cautionnement de licence et le fonds de garantie de la RBQ, ne s’applique pas. Vous êtes seul.
– Office de la protection du consommateur, Guide sur les recours
Cela signifie que vous ne pouvez pas faire de réclamation sur le cautionnement de l’entrepreneur pour vous dédommager. Votre seul recours est une poursuite civile, le plus souvent devant la Division des petites créances si le litige ne dépasse pas la limite fixée. Actuellement, vous pouvez réclamer jusqu’à 15 000 $ maximum devant cette cour. Cependant, gagner un jugement n’est que la moitié de la bataille. L’exécuter, c’est-à-dire récupérer réellement l’argent, peut s’avérer très difficile si l’individu ou sa société non-licenciée est insolvable ou introuvable.
Si vous êtes dans cette situation, une procédure rigoureuse est votre seule chance. Voici les étapes à suivre pour monter un dossier pour la Cour des petites créances :
- Documenter exhaustivement les défauts : Prenez des photos et vidéos détaillées de toutes les malfaçons. Recueillez les témoignages écrits de voisins ou d’autres personnes ayant constaté la piètre qualité du travail.
- Chiffrer le préjudice : Obtenez deux à trois soumissions d’entrepreneurs licenciés RBQ pour la correction des travaux. Ces devis serviront de preuve pour établir le montant de votre réclamation.
- Envoyer une mise en demeure : C’est une étape obligatoire avant de déposer une demande en justice. Envoyez une lettre recommandée exigeant le remboursement ou la correction des travaux dans un délai de 10 jours.
- Déposer la demande au greffe : Préparez votre dossier complet (contrat, preuves de paiement, photos, devis de correction, copie de la mise en demeure) et déposez votre demande au palais de justice. Des frais sont applicables.
En somme, la prévention est votre arme la plus puissante. Avant de confier votre projet et votre argent à quiconque, vérifiez systématiquement sa licence sur le site de la RBQ. Pour valider que votre projet respecte bien toutes ces subtilités, l’étape suivante consiste à faire vérifier vos plans par un professionnel qualifié avant le premier coup de marteau.