
La couleur de votre bois traité est la partie la moins importante de votre décision. La vraie différence se cache dans les détails techniques qui impactent directement la sécurité et la durabilité de votre projet.
- La couleur (vert vs brun) indique souvent le type d’agent de préservation (ACQ vs pigment ajouté), mais pas le grade du bois, qui est crucial pour les surfaces de contact comme les planchers et les mains courantes.
- Le coût ne se limite pas au prix d’achat. Un matériau plus cher comme le composite peut devenir plus économique que le bois traité après 8 à 10 ans, une fois l’entretien (teinture, ponçage) inclus.
Recommandation : Apprenez à poser les bonnes questions en magasin : demandez le grade du bois, le type de traitement (ACQ, MCA), et faites vous-même le diagnostic d’humidité avant de teindre, plutôt que de suivre des règles générales.
Vous êtes là, dans l’allée du centre de rénovation, devant deux immenses piles de bois. D’un côté, le vert classique, familier. De l’autre, un brun riche et chaleureux. La question vous brûle les lèvres : « C’est quoi la vraie différence, à part le look ? ». On vous a probablement dit que c’est la même chose, que le brun n’est que du bois vert avec un colorant ajouté pour une apparence plus naturelle dès le départ. C’est une réponse simple, mais elle est dangereusement incomplète.
Et si je vous disais, en tant que commis qui voit passer des milliers de planches chaque saison, que cette question de couleur cache des décisions bien plus cruciales pour la longévité, la sécurité et même le confort de votre futur patio ? La vraie expertise ne consiste pas à choisir entre le brun et le vert, mais à comprendre ce que ces couleurs impliquent et, surtout, ce qu’elles ne disent pas sur la qualité du bois que vous avez entre les mains. Le grade du bois, sa propension à fendre, sa compatibilité avec votre potager ou encore son comportement sous le soleil de juillet sont des facteurs bien plus déterminants.
Ce guide n’est pas un simple comparatif de couleurs. C’est une discussion de pro à bricoleur, conçue pour vous armer des bonnes questions et des bons réflexes. Oubliez les idées reçues. Nous allons décortiquer ensemble les aspects pratiques qui font la différence entre un patio qui vieillit bien et un qui devient une source de tracas et de dépenses imprévues.
Pour vous aider à naviguer dans ces choix techniques, cet article est structuré pour répondre aux questions les plus importantes que vous devriez vous poser en magasin. Le sommaire ci-dessous vous guidera à travers chaque étape de décision, de la couleur initiale à la rentabilité à long terme de votre investissement.
Sommaire : Le guide pratique du bois de terrasse pour le bricoleur québécois
- Quand teindre le bois traité neuf : faut-il vraiment attendre un an ?
- Bois noueux ou sélect : quel grade choisir pour les mains courantes et planchers ?
- Retailles de bois traité : pourquoi est-il interdit de les brûler dans votre foyer ?
- Bois traité et potager : est-ce sécuritaire pour vos légumes avec les nouvelles normes ?
- Vis en bout de planche : comment éviter que le bois traité ne fende au vissage ?
- Composite au soleil : quelles couleurs choisir pour ne pas se brûler les pieds ?
- Épinette ou sapin (SPF) : lequel choisir pour une ossature qui ne tordra pas ?
- Terrasse en composite : est-ce que ça vaut vraiment le triple du prix du bois traité ?
Quand teindre le bois traité neuf : faut-il vraiment attendre un an ?
Le fameux conseil « attendez un an avant de teindre votre bois traité » est probablement le mythe le plus tenace dans le monde du bricolage. Cette règle générale ignore une réalité fondamentale : le bois traité que vous achetez est saturé d’eau et de produits chimiques. Le but n’est pas d’attendre un certain temps, mais que le bois soit suffisamment sec pour absorber la teinture. Au Québec, un bois installé au printemps peut être prêt à la fin de l’été, tandis qu’un bois installé à l’automne devra attendre au printemps suivant. Comme le partageait un propriétaire, le bois SPF (épinette-pin-sapin) vendu ici a un temps d’acclimatation qui varie énormément avec la saison d’installation.
Alors, comment savoir si votre bois est prêt ? Oubliez le calendrier et faites le test de la goutte d’eau. C’est un diagnostic simple et infaillible. Versez quelques gouttes d’eau sur la surface du bois. Si l’eau perle et reste en surface, c’est que le bois est encore trop humide et gorgé de produits de préservation ; la teinture ne pénétrera pas et finira par peler. Si, au contraire, l’eau est absorbée en moins de 30 secondes, c’est le signal que les pores du bois sont ouverts et prêts à recevoir la protection. Teindre au bon moment est la clé d’une finition durable qui ne vous obligera pas à tout recommencer l’année suivante.
Votre plan d’action : le diagnostic d’humidité du bois traité
- Versez quelques gouttes d’eau sur la surface du bois traité à plusieurs endroits.
- Observez : si l’eau perle et reste en surface, le bois est encore trop humide et n’est pas prêt.
- Confirmez : si l’eau est absorbée en moins de 30 secondes, les pores du bois sont ouverts et prêts à recevoir la teinture.
- Soyez exhaustif : testez plusieurs zones de votre terrasse, particulièrement celles exposées différemment au soleil et aux intempéries.
- Soyez patient : pour un bois installé au printemps ou en été au Québec, répétez ce test après 3 à 6 mois.
Bois noueux ou sélect : quel grade choisir pour les mains courantes et planchers ?
Une fois la question de la couleur et du séchage réglée, une décision encore plus importante vous attend : le grade du bois. En magasin, vous trouverez principalement deux qualités : le grade standard (souvent appelé « noueux ») et le grade « sélect » ou « premium ». Le bois standard est moins cher, mais il présente plus de nœuds, de fentes potentielles et d’imperfections. Le bois sélect, lui, est plus dispendieux, car il a été trié pour avoir un grain plus droit et un minimum de défauts.
Pour la structure de votre patio (solives, poutres), qui ne sera pas visible, le grade standard est tout à fait adéquat. Cependant, pour les surfaces avec lesquelles vous aurez un contact direct, comme le plancher et surtout les mains courantes, le choix du grade devient une question de sécurité et de confort. Un bois noueux sur une main courante est une invitation aux échardes. Sur un plancher, il demandera un travail de ponçage considérable pour obtenir une surface agréable pieds nus. Le grade sélect, bien que plus cher à l’achat, vous fera économiser un temps précieux en préparation et vous assurera une finition plus uniforme et professionnelle.
Cette logique est parfaitement résumée par un expert en construction de terrasses dans le Guide des matériaux de terrasse au Québec :
Le grade ‘sélect’ est plus cher à l’achat, mais nécessite moins de ponçage et de préparation, ce qui peut le rendre plus rentable si on calcule le temps et le coût des abrasifs.
– Expert en construction de terrasses, Guide des matériaux de terrasse au Québec
Le tableau suivant, adapté aux prix et réalités du Québec, met en lumière les compromis à faire entre coût et qualité pour vos différentes applications.
| Critère | Grade Noueux/Standard | Grade Sélect/Premium |
|---|---|---|
| Prix au pied carré | 15-20 CAD | 25−35 CAD |
| Usage plancher | Acceptable | Optimal mais coûteux |
| Usage mains courantes | Déconseillé (échardes) | Recommandé (sécurité) |
| Temps de préparation | 3-4h de ponçage/100 pi² | 1h de ponçage/100 pi² |
| Rendu avec teinture | Rustique, varié | Uniforme, professionnel |
Retailles de bois traité : pourquoi est-il interdit de les brûler dans votre foyer ?
Après avoir coupé vos planches, il vous restera inévitablement des retailles. La tentation peut être grande de les utiliser pour allumer un feu dans votre foyer extérieur. C’est une erreur à ne jamais commettre. Le bois traité, qu’il soit vert ou brun, contient des agents de préservation chimiques (cuivre, agents fongicides) qui sont conçus pour résister à la pourriture, pas à la combustion. Lorsqu’il est brûlé, le bois traité libère ces produits chimiques dans l’air sous forme de fumées et de cendres hautement toxiques.
L’inhalation de ces fumées peut causer de graves problèmes respiratoires, et les cendres contaminées peuvent polluer le sol de votre jardin. La réglementation au Québec est extrêmement stricte à ce sujet. En effet, selon le Règlement sur l’assainissement de l’atmosphère du Québec, la quasi-totalité des municipalités l’interdisent formellement, une mesure de santé publique essentielle. En fait, des analyses montrent que la combustion est interdite dans pratiquement 100% des municipalités québécoises en raison de la toxicité des composés libérés.
Alors, que faire de ces retailles ? La seule façon sécuritaire et légale de s’en débarrasser est de les apporter à votre écocentre municipal. Elles y seront traitées comme des matières résiduelles dangereuses et éliminées dans des conditions contrôlées. Voici les étapes à suivre :
- Rassemblez toutes vos retailles de bois traité dans des sacs ou des contenants robustes, et si possible, identifiez-les clairement.
- Ne les mélangez jamais avec vos déchets domestiques réguliers ni avec du bois non traité.
- Contactez votre écocentre local pour connaître les jours et heures de collecte des matériaux de construction et résidus dangereux.
- Pour les entrepreneurs, une déclaration comme matière dangereuse peut être requise, et il est crucial de conserver les reçus de disposition pour prouver votre conformité.
Bois traité et potager : est-ce sécuritaire pour vos légumes avec les nouvelles normes ?
Construire un bac de potager surélevé avec du bois traité est une solution économique et durable, mais la question de la sécurité alimentaire est légitime. Les anciennes générations de bois traité (contenant de l’arsenic, ou CCA) ont été interdites pour les usages résidentiels au Canada depuis 2004. Les traitements modernes, comme l’ACQ (cuivre alcalin quaternaire) ou le MCA (cuivre micronisé azole), sont considérés comme beaucoup plus sécuritaires.
Des études sur la migration des produits chimiques montrent que le cuivre contenu dans ces nouveaux traitements a une très faible tendance à se lixivier dans le sol. La migration est minime et se concentre principalement dans les premiers 5 centimètres de terre directement en contact avec le bois. Cependant, pour une tranquillité d’esprit absolue, il existe une solution simple et peu coûteuse : créer une barrière physique. L’utilisation d’une membrane géotextile robuste (un simple plastique noir épais peut aussi faire l’affaire) à l’intérieur du bac, entre le bois et la terre, élimine pratiquement tout risque de contact.

Comme le montre cette coupe, la membrane agit comme un bouclier, empêchant les racines de vos légumes d’entrer en contact direct avec la paroi traitée. Cette précaution simple vous permet de bénéficier de la durabilité du bois traité sans aucun compromis sur la sécurité de vos récoltes. Vous pouvez donc construire votre potager en bois traité en toute confiance, à condition de prendre cette simple mesure de protection supplémentaire.
Vis en bout de planche : comment éviter que le bois traité ne fende au vissage ?
C’est un classique frustrant : vous arrivez à la fin de votre planche, vous vissez, et… *crac* ! Le bois fend. Le bois traité vendu au Québec, souvent de l’épinette-pin-sapin (SPF), est particulièrement sujet à ce problème. Saturé par le processus de traitement, il devient vulnérable au fendillement, surtout lorsqu’on visse trop près des extrémités (en « bout de planche »).
La règle d’or pour éviter ce désastre est simple : il faut toujours pré-percer. Ne faites jamais confiance à la « pointe auto-perceuse » de votre vis lorsque vous travaillez près d’un bord. Mais quel diamètre de mèche utiliser ? La technique est simple : utilisez une mèche d’un diamètre équivalent au corps de la vis, sans les filets. Pour une vis de terrasse #8 standard, une mèche de 3/32 de pouce est parfaite. Cela crée un chemin pour la vis sans exercer une pression excessive sur les fibres du bois.
Le choix de la visserie est également crucial. Optez pour des vis spécifiquement conçues pour le bois traité. Elles possèdent non seulement un revêtement spécial (céramique ou autre) résistant à la corrosion causée par le cuivre du traitement, mais certaines ont des caractéristiques qui réduisent le fendillement. Recherchez des vis avec une petite pointe auto-perceuse et parfois des « ailettes » sous la tête qui aident à fraiser le trou proprement. L’investissement dans de bonnes vis est minime comparé au coût et à la frustration de devoir remplacer une planche fendue.
Composite au soleil : quelles couleurs choisir pour ne pas se brûler les pieds ?
Si vous envisagez le composite comme alternative au bois, une question pratique se pose rapidement sous le soleil de juillet au Québec : la chaleur. Le composite, étant un mélange de plastique et de fibres de bois, a tendance à accumuler plus de chaleur que le bois naturel. La couleur de votre terrasse devient alors un facteur de confort crucial.
Les planches de composite de couleur foncée (charbon, anthracite, brun chocolat) peuvent devenir brûlantes au point d’être inconfortables, voire dangereuses pour les pieds nus des enfants ou des animaux. À l’inverse, les couleurs claires (sable, gris perle, beige) restent beaucoup plus tolérables. Des mesures ont montré qu’il peut y avoir jusqu’à 10°C de différence entre une terrasse composite claire et foncée exposée en plein soleil. C’est un écart considérable qui peut transformer votre havre de paix en plaque chauffante.
Pour mettre les choses en perspective, voici un tableau comparatif des températures de surface que vous pouvez attendre des différents matériaux et couleurs lors d’une journée ensoleillée d’été au Québec.
| Matériau/Couleur | Température à midi (juillet) | Confort pieds nus |
|---|---|---|
| Bois traité brun teint pâle | 35-40°C | Confortable |
| Bois traité vert naturel | 38-42°C | Acceptable |
| Composite pâle (sable/beige) | 42-45°C | Tolérable |
| Composite moyen (teck) | 48-52°C | Inconfortable |
| Composite foncé (anthracite) | 55-60°C | Brûlant |
La conclusion est claire : si votre terrasse est en plein soleil et que vous aimez y marcher pieds nus, privilégiez absolument les teintes les plus claires de composite, ou optez pour du bois traité que vous teindrez avec une couleur pâle. C’est une décision pratique qui aura un impact direct sur votre plaisir d’utiliser votre espace extérieur.
Épinette ou sapin (SPF) : lequel choisir pour une ossature qui ne tordra pas ?
Pour la structure de votre patio, le bois que vous utiliserez est presque toujours un assemblage d’épinette, de pin et de sapin, connu sous l’acronyme SPF (Spruce-Pine-Fir). C’est un bois de charpente abordable et abondant au Québec. Cependant, il a une tendance naturelle à tordre ou à courber en séchant. Si vous installez vos solives sans précaution, vous risquez de vous retrouver avec un plancher qui forme des creux et des bosses avec le temps.
Heureusement, il existe une technique de pro, simple et gratuite, pour contrer ce phénomène : le « couronnage » (crowning). Chaque pièce de bois de charpente a une légère courbe naturelle sur sa longueur. Le but du jeu est de repérer cette courbe et de l’utiliser à votre avantage. En installant toutes les solives avec la « couronne » (le côté convexe, bombé) vers le haut, vous créez une structure qui est très légèrement bombée vers le ciel. Avec le temps et le poids du plancher, cette courbe s’aplatira naturellement, vous laissant avec un patio parfaitement droit.
Voici comment procéder de manière systématique pour chaque solive :
- Posez la solive sur sa tranche et regardez le long de son chant pour identifier sa courbe naturelle.
- Avec un crayon, faites une marque (une flèche vers le haut ou un « X ») sur la face convexe, la « couronne ».
- Installez systématiquement toutes vos solives avec cette marque pointant vers le ciel.
- Une fois en place, le poids de la structure et du platelage annulera progressivement cette légère courbe.
- Pour une perfection absolue, vous pouvez passer un cordeau (chalk line) sur le dessus des solives installées pour vérifier leur alignement avant de visser le plancher.
Cette simple habitude de travail ne coûte rien et fait toute la différence entre une charpente d’amateur et une structure stable et durable qui ne bougera pas pendant des décennies.
À retenir
- La couleur du bois traité (brun ou vert) est un critère esthétique secondaire. Le plus important est le type de traitement (ACQ, MCA) et surtout le grade du bois, qui détermine la sécurité et la finition.
- Ne suivez pas aveuglément la règle d’un an avant de teindre. Fiez-vous au test de la goutte d’eau : si l’eau est absorbée, le bois est prêt.
- Calculez le coût total de possession. Le composite, bien que plus cher à l’achat, peut devenir plus rentable que le bois traité après 8 à 10 ans en incluant les coûts d’entretien (teinture, ponçage, temps).
Terrasse en composite : est-ce que ça vaut vraiment le triple du prix du bois traité ?
La question du coût est souvent le point de bascule entre le bois traité et le composite. Il est vrai qu’à l’achat, le composite peut coûter deux à trois fois plus cher au pied linéaire que le bois traité. Mais s’arrêter à ce chiffre est une erreur de calcul. La vraie question est : quel est le coût total de possession sur la durée de vie de votre terrasse ?
Le bois traité demande un entretien rigoureux. Idéalement, il faut le nettoyer et le teindre tous les deux ou trois ans. Cet entretien a un coût non négligeable : la teinture de qualité, les pinceaux, le nettoyeur, la location d’une sableuse si nécessaire, et surtout, votre temps. Le composite, lui, ne demande qu’un simple nettoyage à l’eau et au savon. Pas de ponçage, pas de teinture, pas de fin de semaine sacrifiée.
Un propriétaire québécois ayant opté pour le composite TREX le résume bien : l’investissement initial est plus élevé, mais la rentabilité se calcule sur le long terme. Après 8 à 10 ans, l’économie réalisée sur les produits d’entretien et le temps investi commence à rentabiliser le surcoût initial. Une analyse québécoise du coût complet sur 20 ans confirme cette idée : l’écart se resserre considérablement, avec un coût final de 45-80 CAD/pi² pour le composite contre 35-65 CAD/pi² pour le bois traité entretenu. Le choix devient alors moins financier que philosophique : préférez-vous payer moins maintenant et investir du temps chaque année, ou payer plus au départ pour une tranquillité d’esprit durable et une valeur de revente accrue ?
Pour faire le bon choix pour votre projet, la prochaine étape consiste à évaluer honnêtement votre budget initial, mais aussi le temps et l’énergie que vous êtes prêt à consacrer à l’entretien dans les années à venir.